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Survol biographique
De 1864 à 1910, Gustave Moynier préside le Comité international de la Croix-Rouge qu'il a fondé avec Henry Dunant, le général Dufour, les docteurs Louis Appia et Théodore Maunoir.
Né en 1826, il appartient à une famille originaire du Languedoc (Le Cailar, Gard), réfugiée à Genève, probablement parce qu'elle était persécutée en France par l'Eglise catholique. Son grand-père est maître horloger. Son père André, associé à la même entreprise, est élu conseiller d'Etat en 1843. Trois ans plus tard, la famille s'exile provisoirement à cause de la révolution menée par James Fazy qui conduit le Parti radical au pouvoir. A Paris, Gustave Moynier assiste aux événements de 1848. C'est là qu'il rencontre sa femme Fanny, fille du riche banquier Barthélemy Paccard. Le ménage aura cinq enfants dont trois meurent en bas âge ; de son fils Adolphe descendent les actuels porteurs du patronyme ; de sa fille Laure, qui épouse Adrien Peyrot, sont issus les actuels Peyrot et alliés de Genève.
Son doctorat en poche, Gustave Moynier s'essaie au métier d'avocat, mais n'y prend pas goût. Il rédige une Biographie biblique de l'apôtre Paul. Finalement, c'est vers la philanthropie que l'appelle sa vocation.
Grâce à la fortune familiale et à celle de sa femme, il peut se consacrer librement aux activités diverses et généreuses de la Société genevoise d'utilité publique, de 1855 à 1866. Il assure des responsabilités majeures : vice-présidence et présidence, rédaction de rapports, participation à des congrès internationaux de bienfaisance.
Lorsqu'il découvre Un souvenir de Solferino sa vie bascule. Malgré les réticences de plusieurs des membres, il convainc la Société genevoise d'utilité publique de s'occuper de la proposition formulée par Henry Dunant : « De l'adjonction aux armées belligérantes d'un corps d'infirmiers volontaires ».
Fondé le 9 février 1863, le futur comité international de la Croix-Rouge organise une Conférence internationale huit mois plus tard ; Gustave Moynier s'y distingue comme président de séance et comme corédacteur du Compte rendu. Surtout, il assume désormais les aspects juridiques de l'institution naissante, de sorte que la rédaction de la Convention de Genève lui doit beaucoup. Dès le mois d'août 1864, il s'impose comme l'homme fort du CICR qu'il préside de main de maître pendant quarante ans.
Il s'emploie notamment à protéger la Convention de Genève et à renforcer tout dispositif favorisant son application. Ainsi, en 1873, il fonde avec Gustave Rolin-Jaequemyns l'Institut de droit international qui voit le jour à Gand. De même, nous pouvons lui attribuer la rédaction du Manuel pratique des lois de la guerre souvent appelé Manuel d'Oxford. Il préconise, mais en vain, la création d'une Cour de justice pénale internationale.
Curieuse rencontre de l'Histoire, il adhère en 1861 à la Société genevoise de géographie qui a été fondée trois ans plus tôt par une douzaine de savants et d'amateurs distingués, parmi lesquels se trouve Henry Dunant. Il apporte une précieuse collaboration à cette société en fondant une revue intitulée L'Afrique explorée et civilisée qui paraîtra de 1879 à 1894. Grand admirateur du roi Léopold II de Belgique, il cautionne la colonisation du Congo qui, aujourd'hui, nous paraît brutale voire intolérable. Il recevra en échange le titre de consul général du Congo ... par souci d'équilibre, signalons que Gustave Moynier milite pour l'abolition de l'esclavage, engagement qui avait toute sa raison d'être en cette fin du XIXe siècle.
Assurément, Gustave Moynier a apporté une contribution décisive au démarrage et à la réussite de la Croix-Rouge internationale. Il figure parmi les fondateurs et les maîtres du droit international humanitaire, voire du droit de la guerre.
Roger Durand |
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